VERT

Qui n’est pas mûr ; qui a encore de la sève.

La sève, elle, me manque viscéralement au plus profond de moi, son odeur, sa puissance, elle est mon avenir. Moi, enfermée dans ma ville je me fane, tu te fanes, il se fane. Nous ne nous rendons même plus compte à quel point la nature nous manque, nous sommes une partie d’elle mais hors sol.

Hors, le sol, c’est notre vie ! Les mains dans la terre je me recharge, je me reconnecte, je me nourris. Au contact de la forêt je retombe en enfance, je m’émerveille, mon regard s’évade, il n’a plus de frontière. Il saute de branche en branche, il fouille le sol, il dévore les fleurs, il savoure les verts.

Je suis mousse, écureuil, rouge-gorge, renard et aubépine à la fois, je suis humide, spongieuse, je palpite, je vis.

Mais comment puis-je vivre aussi déconnectée. La nature c’est mon enfance. L’animal je l’aime depuis toujours, je l’enfermais dans d’innombrables Tupperwares pour l’étudier, l’analyser, je galopais sur son dos, les joues rouges de cette passion, je le scrutais dans les moindres détails, poil après poil, pupilles malicieuses et caresses régressives. La plante, mes premiers souvenirs sont ceux où je déterrais comme un trésor inavoué, quelques pâquerettes si mignonnes pour les ramener dans mon micro jardin rien qu’à moi. Les plantes, je les dupliquais, je les apprenais, je les protégeais.

Je suis nature depuis toujours. Et aujourd’hui j’en fait quoi ? Elle est mon trésor caché, enfoui bien au fond, tout en bas.

 

Pétronille • dixneufzérodeuxdeuxmillevingtetun

Pétronille Remaury artiste peintre plasticienne Essonne
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